LES PHANARIOTES ET L’ÉCOLE ROMANTIQUE D’ATHÈNES (1830-1880)
 

Après l’établissement du premier Etat Grec (1831) et le transfert de la capitale de Nauplie à Athènes (1833), de nombreux Grecs qui vivaient dans des pays européens ont regagné la Grèce libre. Parmi eux se trouvaient également plusieurs érudits, les Phanariotes, qui habitaient à Istanbul et dans les hégémonies danubiennes et occupaient de hauts postes dans la hiérarchie de l’administration de l’état ottoman ; à présent, ils se rendaient en Grèce pour aider à la reconstruction intellectuelle et politique du nouvel état.


Disposant d’expérience dans la bureaucratie administrative et diplomatique, les Phanariotes occupèrent les postes à haute responsabilité de l’état nouvellement constitué. En même temps, en tant que porteur d’éducation, ils furent au premier rang de la reconstruction intellectuelle, créant l’Ecole d’Athènes, la première école littéraire du premier état grec libre. Les caractéristiques communes des Phanariotes étaient leur éducation française, la langue érudite (katharévoussa) dans laquelle ils écrivent et les fortes influences qu’ils subirent des européens et, particulièrement, des auteurs romantiques français. C’est pourquoi l’Ecole d’Athènes a également été appelée, par la critique philologique, Ecole romantique d’Athènes : parce que précisément elle représente la version grecque du romantisme.

 

Le romantisme était un mouvement intellectuel et littéraire qui est apparu en Europe et, particulièrement en France, depuis la fin du 18ème jusqu’au milieu du 19ème siècle en réaction au classicisme et au rationalisme des siècles antérieurs. Le romantisme influença tous les arts mais aussi le mode de vie des personnes c’est pourquoi il exprime également, entre autres, une attitude de vie. Il mit l’accent sur le rôledu sentiment, de l’imagination, de la spontanéité, de l’élément émotif et du rêve. Ses thèmes sont principalement la nature, l’aventure, la liberté, l’amour, l’héroïsme, etc.  Les romantiques prônent le retour aux racines des cultures populaires. Ainsi, au lieu d’imiter Homère et les tragiques anciens, à présent, les auteurs adoptent comme modèles Shakespeare et Byron. En Grèce, le mouvement apparaît pratiquement à la même époque à laquelle il domina en France et il fut le courant dominant dans la poésie grecque pour cinquante années entières.

 

 En Grèce libre, le romantisme trouva un sol fertile et s’imposa de façon absolue dans la littérature, puisque les problèmes sociaux, économiques et politiques très aigus du petit état favorisaient la fuite vers des espaces de l’imaginaire ou vers le glorieux passé grec. Le nouvel état grec avait besoin d’un nouvel idéal. C’est pourquoi les Phanariotes voulurent créer une nouvelles littérature basée sur les nouveaux besoins nationaux qui émergeaient. L’autodétermination nationale, avec la constitution d’uneidéologie nationale qui placerait le nouvel état dans le groupe des états libres de l’Europe, était on ne peut plus impérative ; c’est pourquoi l’idéologie libérale des Lumières et l’enthousiasme de la Révolution de 1821 furent mis de côté. Ainsi, l’utilité domina l’expression littéraire qui, principalement au travers des concours littéraires, servait la constitution de la nouvelle idéologie nationale dont la base était l’amour de l’Antiquité (« archéolatrie »).

 

Bien que les influences du mouvement romantique européen sur les auteurs Grecs furent assez importantes, certaines solutions qui allaient déjà de soi en Europe concernant des questions critiques, comme celle de la langue, ne furent pas adoptées. L’utilisation de la katharévoussa, d’une langue froide et sans vie, dans la littérature affaiblissait les autres éventuelles vertus des œuvres des romantiques Grecs et les rendait peu attrayantes pour le lecteur moyen.

 

Les caractéristiques des auteurs de l’Ecole d’Athènes pourraient être résumées comme suit : Utilisation de la katharévoussa, style pompeux et brouillon, disposition mélancolique, fuite de la réalité, pessimisme, obsession de l’idée de la mort, manque d’originalité, attachement au passé glorieux. Ces éléments se retrouvent dans toute la production littéraire de l’Ecole d’Athènes, dans la poésie, la prose et le théâtre.

 

Le romantisme grec s’est surtout mu dans l’espace de la poésie. Les principaux représentants en furent Alexandros Soutsos (1803-1863), Panagiotis Soutsos (1806-1868), Alexandros Rizos Rangavis (1809-1892), Georgios Zalokostas (1805-1858), Dimitrios Paparigopoulos (1843-1873), Ioannis Karasoutsas (1824-1873), Dimosthenis Valavanis (1824-1854), Spyridon Vasileiadis (1844-1874), Achilleas Paraschos (1838-1895).

 

Dans le domaine de la prose, le roman historique se développe particulièrement avec des thèmes tirés principalement de la Révolution grecque mais aussi de temps antérieurs. La présence d’œuvres qui s’éloignent du climat romantique de l’époque est également remarquable ; ils apportent en douceur un nouvel esprit dans la prose, en intégrant des éléments de l’étude des mœurs (v. D. Vikelas Loukis Laras, P. Calligas Thanos Vlekas).  Le cas d’Emmanouil Roïdis est qualifié de particulier, avec son œuvre Papissa Ioanna au moyen de laquelle il critique indirectement les aspects négatifs de la société de son époque.

 

Le théâtre et la critique occupent une place importante dans les lettres néohelléniques de la période 1830-1880, avec pour principaux représentants Dimitrios Vyzantios et Emmanouil Roïdis.

 

 

 

 
  • Α. Auteurs: 12
  • Β. Textes: 23
    • Poésie: six (6)
    • Prose: un (1)
    • Théâtre : un (1)
    • Essai : un (1)
    • Critique: une (1)
  • C. Langue des textes : démotique, idiomatique, mixte.

 

 

 

Les auteurs de la Période 

       
Anonyme (Fanariotes)Vyzantios (Chantziaslanis) Dimitrios  
Kalligas PavlosXenos Stefanos  
Paparrigopoulos DimitriosZalokostas Georgios  
Ragkavis Alexandros Rizos   
Roïdis Emmanouil   
Soutsos Alexandros   
Soutsos Panagiotis   
Vernardakis Dimitrios   
Vikelas Dimitrios   
 
 Bibliographie