LA NOUVELLE ÉCOLE D’ATHÈNES (1880-1920)
 

 

Des mutations profondes ont lieu dans la société et dans l’état grec sur les plans politique, social, économique et intellectuel, au cours des deux dernières décennies du 19ème siècle. La restructuration interne de l’état avec la réalisation de projets et d’infrastructures de développement, la reprise de l’économie, l’assainissement de la vie politique, l’élargissement des frontières de l’Etat Grec et bon nombre d’autres changements apportent des modifications dans la société grecque et mènent à des recherches intellectuelles nouvelles.

L’effort créatif en vue de changements dans la vie intellectuelle avance parallèlement à la restructuration de l’état. De nouvelles idées et de nouveaux courants intellectuels apportent un renouveau dans le domaine de l’art et, particulièrement, dans la littérature, répondant aux nouveaux besoins. La science du folklore, avec Nikolaos Politis (1852-1921) comme pionnier, contribue de façon déterminante à ce renouveau, se tournant vers l’étude de la culture populaire contemporaine et plus ancienne, offrant ainsi du matériau précieux aux littéraires de l’époque. Au niveau linguistique, le mouvement le plus remarquable est celui des efforts en vue d’instaurer la langue démotique en tant que langue écrite. Le linguiste Giannis Psycharis fut le pionnier de cette entreprise ; avec son ouvrage précurseur Mon voyage (1888) il défendit l’instauration de la langue démotique dans le discours écrit.

Dans le domaine de la poésie, les créateurs Grecs sont influencés par les nouveaux courants littéraires de l’Europe occidentale et, surtout, par le Parnasse et le Symbolisme. Le Parnasse apparut en France au milieu du 19ème siècle en réaction au romantisme décadent et tira son appellation d’une anthologie poétique publiée sous le titre « Parnasse moderne. » Le Parnasse accorde une importance majeure à la forme des poèmes, s’efforçant de travailler dans le détail et avec précision le vers et la rime ; du point de vue du contenu, celui-ci s’inspire des civilisations de l’Antiquité, grecque et romaine, présentant sans effusions sentimentales des thèmes et des images tirées de la mythologie et de l’histoire.

Le Symbolisme apparaît en France à la fin du 19ème siècle en réaction à la poésie romantique et à la prose naturaliste. Ses principales caractéristiques sont la restriction du contenu conceptuel, la musicalité et la suggestion ainsi que l’établissement de liens entre objets et états psychiques. Pour le poète symboliste, la réalité telle que l’on la perçoit à travers nos sens, c'est-à-dire, le monde extérieur, ne présente aucun intérêt poétique. La poésie peut utiliser les choses de ce monde comme des médiateurs, comme des symboles, pour arriver à exprimer les idées et les émotions dans le monde intérieur de l’homme. Ainsi, en utilisant les symboles, les symbolistes ont été menés à utiliser la langue dans le sens de la suggestion et de l’allusion, évitant la clarté et la précision.

 Les poètes Grecs, bien que directement inspirés de la poésie française, s’efforcèrent d’adapter leurs thèmes et idées aux données grecques.

Le représentant le plus important de la Nouvelle Ecole d’Athènes et novateur de la poésie néohellénique est Kostis Palamas. Pour quasiment cinquante ans, il domine dans la vie intellectuelle du pays et, au travers de sa poésie, exprime les nouveaux courants et les nouvelles tendances dans le domaine de la littérature. Sa lutte pour l’établissement de la langue démotique dans le discours écrit fut également remarquable. Il était un des premiers à se ranger sans réserve du côté de Giannis Psycharis, lorsque celui-ci publia son œuvre Το Ταξίδι μου. Les poètes Ioannis Gryparis, Georgios Drosinis, Costas Krystallis, Lambros Porfyras, Miltiadis Malakassis et d’autres partagent le même climat poétique.

L’anthologie des textes poétiques de la période étudiée a suivi comme critère les caractéristiques littéraires communes que présentent les poètes de la Génération de 1880 qui ont été, plus ou moins, influencés par Palamas.

Dans le domaine de la prose néohellénique, les auteurs Grecs sont influencés par le courant du Réalisme et du Naturalisme qui est apparu en France, principalement après la seconde moitié du 19ème siècle, avec Gustave Flaubert et Emile Zola dont l’œuvre Nana exerça une influence particulièrement importante sur les auteurs Grecs de l’époque et fut un modèle pour plusieurs d’entre eux.

Le réalisme est un style par lequel l’auteur s’efforce de représenter la réalité de façon convaincante, sans trop d’ornements expressifs. L’auteur réaliste s’efforce de rendre les faits de façon objective, les laissant parler d’eux-mêmes. Il présente des expériences communes et choisit des sujets communs, tout en adoptant une attitude critique face aux choses.

Le Naturalisme est l’aboutissement du réalisme. Comme ce dernier, il s’efforce de représenter la réalité de façon objective, particulièrement son côté négatif. Les auteurs naturalistes étudient le comportement moral des personnes afin de montrer qu’il est le fruit de forces extérieures (physiques et sociales), d’impulsions intérieures et de dispositions du moment, omettant la force du libre arbitre.

Les auteurs Grecs, influencés par l’importance plus généralement acquise par l’étude de la culture populaire, se tournent eux aussi vers la campagne afin de décrire la vie du peuple grec. Ainsi, ils se meuvent dans le champ de l’étude des mœurs, créant une prose nationale, et se dégagent de l’imitation servile des modèles étrangers. Par le terme étude des mœurs l’on entend, généralement, la représentation, la description et le rendu des us, des coutumes, de l’idéologie et de la mentalité d’un peuple tels qu’ils sont formés sous l’influence de l’environnement naturel et des conditions historiques et sociales, dans un espace et un temps précis.

 Parmi les moralistes importants de l’époque figurent Georgios Vizyinos, Alexandros Papadiamantis, Ioannis Kondylakis, Andreas Karkavitsas, Konstantinos Chatzopoulos et Konstantinos Theotokis. Mais, outre l’étude des mœurs, le roman social se développera également plus tard, avec pour principaux représentants Konstantinos Chatzopoulos et Konstantinos Theotokis.  Ceux-ci, poursuivant la tradition de l’étude des mœurs, la développèrent et allèrent au-delà, introduisant dans la prose de nouveaux modes d’expression. C’est pourquoi ils seront abordés dans le chapitre consacré à la tradition renuvelée. 

Le Tthéâtre connaît un important essor durant cette période et est surtout influencé par les œuvres d’Ibsen et de d’Anuncio.  Les principaux auteurs de théâtre de cette période furent Grigorios Xenopoulos, Pantelis Chorn et Konstantinos Christomanos.

Pendant cette même période, la critique est également cultivée, principalement par l’intermédiaire des rubriques des revues Ο Νουμάς, Νέα Ζωή et d’autres. Les principaux représentants du genre étaient Costis Palamas, Grigorios Xenopoulos, Aristos Kampanis, Markos Avgeris et Giannis Apostolakis.

Le choix des textes est effectué sur la base des caractéristiques communes des œuvres, de la période à laquelle les auteurs vécurent et écrivirent et des influences de leur époque.

 

  • A. Auteurs : treize (13)
  • Β. Textes : treize (13)
    • 1. Poésie : sept (7)
    • 2. Prose (roman, narration, nouvelle) : trois (3)
    • 3. Théâtre : un (1)
    • 4. Critique : un (1)
    • 5. Essai : un (1)
  • C. Langue des textes : Démotique (poésie, théâtre, essai, prose, critique), katharévoussa (prose)
 

Les auteurs de la Période 

       
Apostolakis GiannisPapadiamantis Alexandros  
Drosinis GeorgiosPorfyras Lampros  
Eftaliotis ArgyrisPsycharis Giannis  
Gryparis IoannisSouris Georgios  
Karkavitsas AndreasVizyinos Georgios  
Kondylakis IoannisXenopoulos Grigorios  
Krystallis Kostas   
Malakasis Miltiadis   
Palamas Kostis   
 
 Bibliographie