Kitromilidis Paschalis, O Neoellinikos Diafotismos. Oi politikes kai koinonikes idees
 
Athina 1996, MIET
 
 
 

« Les œuvres Άσμα Πολεμιστήριον et Σάλπισμα Πολεμιστήριον, publiées anonymement à l’aube du nouveau siècle, transmettaient le sentiment d’une nouvelle expectative et formulaient les espoirs d’une conscience fortement marquée par l’expérience révolutionnaire française. Avec ces tracts subversifs, Koraïs qui se cachait derrière l’auteur anonyme, invitait ses compatriotes à se ranger du côté de l’affaire française et à soutenir l’entreprise de Napoléon en Orient. L’espoir éphémère que la renaissance de la nation et la libération de la Grèce pouvaient provenir de l’intervention de la France dans l’Empire ottoman et de la réforme de la société grecque conformément au modèle de la France révolutionnaire donnait un ton dramatique tant à l’écho que trouvaient les idéaux français parmi les Grecs éclairés ainsi qu’au désenchantement largement répandu qui suivit la tradition plus ancienne de l’espoir russe. Le progrès des Lumières avait sérieusement remis en question la viabilité de l’espoir d’un salut venant du Nord. Koraïs savait très bien que la liberté dont il rêvait était « incomparablement différente de la liberté russe ». » (pp. 279-280)

« Dans les essais « Αυτοσχέδιοι Στοχασμοί περί της Ελληνικής Παιδείας και Γλώσσης », Koraïs développa sa théorie sur la dialectique de l’enseignement et de la liberté. Ses arguments revenaient avec une vitalité renouvelée sur des questions qui avaient été mises en avant, dans le passé, par les représentants des Lumières contre l’éducation scholastique et la formation grammaticale sèche. Koraïs ajouta aux revendications des Lumières la fiabilité d’un savoir philologique profond et la conviction de la modération qui étaient dictées par l’acuité de son sens politique. Il se rangeait en faveur de la transition décisive de l’éducation grammaticale mécanique à l’éducation essentielle, dans le sens de la culture intellectuelle qui associerait la morale de l’époque classique à la philosophie et à la science modernes. […] Au cœur de la théorie de la reconstruction culturelle qu’il élabora se trouvait la question de la langue qui est devenue sa principale préoccupation philologique. Cette importance provenait tant de l’importance pratique de la langue en tant qu’instrument de l’éducation que de l’importance théorique qu’accordaient à la langue la gnoséologie des Lumières et la théorie de l’idéologie. Dans ce domaine, également, Koraïs est arrivé à élaborer une composition entière qui a donné la possibilité aux principes philosophiques de sa pensée d’être reliés aux questions d’ordre pratique qui préoccupaient sa nation. La réforme linguistique était une partie organique de l’entreprise plus globale de renaissance culturelle de la nation. »