Politis Linos, Istoria tis Neoellinikis logotechnias
 
(13i anatyposi) Athina 2003, MIET
 
 
 

« Il serait erroné de voir en Koraïs le sage qui s’isole dans son étude. […] D’un tempérament, au fond, fougueux et enflammé, son éducation classique, l’expérience de la vie et ses idées libérales et démocratiques le conduisent vers le milieu et lui apportent un équilibre intellectuel. La solution qu’il propose à la question linguistique, la « voie moyenne », est, elle aussi, démocratique, conforme à ses idées. S’éloigner de la langue commune est « tyrannique » mais « être vulgaire » est « démagogique ». Entre les « oligarques » et les « partisans du règne du peuple », Koraïs se range du côté de la « démocratie » bien entendue. Tous les membres de la nation doivent participer de la langue en « égalité démocratique ». Ainsi, en pratique, il prend de toute évidence comme base de la langue écrite la langue commune, parlée (« omiloumeni ») ; mais, les nations, dit-il, ne peuvent être appelés « éclairés » que lorsqu’ils « portent leur langue vers la perfection ». Et, cela sera fait en « enjolivant », en peignant et en ornant la langue. Jusqu’ici, personne n’aurait d’objections à formuler ; toute la seconde partie du fameux « Dialogue » de Solomos, développait précisément cette théorie de l’enjolivement et de la culture linguistique. Mais, la langue est abordée différemment par le poète et par le grammairien, aussi profond et vivant soit-il. Alors que Solomos poursuit un approfondissement et un enrichissement intérieur, l’enjolivement de Koraïs est uniquement grammairien et se limite à restaurer les termes populaires en leur forme initiale, autant que faire se peut (μάτιομμάτιον, ψάριοψάριον, θέλω καταντήσειν, etc.). Toutefois, la langue de Koraïs demeure toujours plus proche de la langue commune, et ceux qu’il attaqua le plus et qui l’attaquèrent le plus étaient les archaïstes « barbares ». C’est sur la langue « koraïque » que se forma la « katharévoussa » des premiers temps de l’Etat grec. Mais la « solution » de Koraïs ne conduisit pas à la solution réelle. Ses fondements étaient trop artificiels, grammairiens.  En outre, plus le temps passait, plus les érudits de l’état libéré abandonnaient les principes modérés de Koraïs et revenaient à l’archaïsme ».