Charilaou Neofytos, O Neofytos Doukas kai i symvoli tou ston neoelliniko Diafotismo
 
Athina 2003, Kyveli
 
 
 

Vivant à Paris et influencé par les Lumières françaises, Koraïs croyait en la promotion et la culture des langues nationales parlées. C’est pourquoi il s’opposait aux érudits de la nation qui prônaient le retour à la langue ancienne ou à l’instauration de la langue archaïsante dans le discours écrit. Par ailleurs, considérait-il la langue comme « une des propriétés les plus inaliénables de la nation [...] dont participent tous les membres de la nation en égalité démocratique », et il considérait nécessaire d’adopter un organe linguistique qui soit compris par le peuple. Toutefois, connaissant la situation linguistique courante en Grèce où, suite à la longue occupation et au manque de culture de l’éducation, la langue avait été fortement altérée, il voulut en proposer la correction sur la base des principes qui régissent la langue grecque ancienne.

Cette correction considérait comme donné que la langue parlée était malade et devait être guérie. Le traitement consistait, d’une part, à la purification des termes étrangers et des extrémismes linguistiques de la langue vernaculaire et, d’autre part, à l’adaptation des termes de la démotique aux formes de la langue ancienne ou à l’adoption de termes anciens, là où il en manquait à langue parlée. A son avis, l’entreprise de cette correction ne pouvait être que l’œuvre des représentants éduqués de la nation et non celle du peuple. […]

Koraïs aborde la question linguistique principalement du point de vue du philologue classique et de sa culture classique. Comme Doukas, dans son approche de la langue, il utilise des termes exprimant des jugements de valeur, tels que « barbare », « vulgaire », « langue des personnes éduquées », etc., et, en dépit du fait qu’il semble avoir accepté un des principes les plus fondamentaux des Lumières euopéennes sur l’évolution des langues, en pratique, il s’efforce d’adapter la langue à l’aide de règles. Ainsi, la forme finale de la langue, telle qu’elle est proposée par Koraïs, finit dans plusieurs cas par être monstrueuse, étant donné que les formes hybrides qui sont adoptées sont arbitraires et ne relèvent ni de la forme ancienne ni de celle de la démotique.