Velestinlis (Feraios) Rigas
 
Biographie
 

Rigas Velestinlis est né en 1757 d’une famille aisée dans un bourg de Thessalie, Velestino, d’où il prit par la suite son surnom de « Velstinlis ». L’appellation « Feraios » provient du nom de l’ancienne ville de Phères qui se trouvait à côté de Velestino.  Bien que nous ne disposions pas de nombreux témoignages concernant les études de Rigas, il est certain qu’il reçut une bonne éducation dans les écoles d’Ampelakia et de Zagora du Pélion. Pour une certaine période il a enseigné en tant que maître d’école au village Kissos du Pélion.

Les évènements que Rigas vécut au cours de son adolescence en Thessalie figurent parmi les plus importants de l’histoire grecque pré-révolutionnaire. Il avait à peine douze ans lorsqu’éclata le grand bouleversement dans les pays grecs, les « Orlofika ». A environ vingt ans, il se rend à Istanbul et devient secrétaire de l’ex-souverain de la Valachie, Alexandros Ypsilantis. Là, il a l’occasion de parfaire son éducation, d’apprendre des langues étrangères, de connaître des personnes et des choses de son époque et de son pays et de tracer le trajet de sa vie. Plus tard, il s’établit à Bucarest en tant que secrétaire confident du souverain Nikolaos Mavrogenis qui, pour une période, lui confia le poste de « kaïmakamis », c'est-à-dire, de sous-préfet, commandant de Craiova. 

Son mandat à ce poste coïncide avec le début, en 1787, de la seconde guerre russo-turque qui se déroula dans la région de la Maldavie-Valachie. Après la défaite des Ottomans par les Austro-hongrois et la prise de Bucarest, il quitte Mavrogenis et passe au camp des Autrichiens. En 1790, il se rend à Vienne où il demeure pour un demi an environ, travaillant comme secrétaire. Au cours de cette brève période il arrive à faire imprimer ces deux premiers ouvrages : L’Ecole des amants délicats, une collection de nouvelles érotiques qui, en fait, sont des traductions de nouvelles de l’auteur Français Restif de la Bretonne, et la Compilation de Physique, une compilation d’ouvrages français et allemands.

Au début de 1791, Rigas retourne en Valachie et y demeure jusqu’à 1796.  La trêve conclue entre l’Autriche et l’Empire ottoman, en 1790, et la fin de la guerre russo-turque avec la signature du Traité de Jassy, en 1792, rendent clair aux peuples chrétiens asservis qu’ils ne doivent pas fonder leurs espoirs sur l’Autriche et la Russie. A Révolution française de 1789 et ses messages trouvent un écho plus que favorable chez le patriote thessalien qui, à cette époque-là, étudie la constitution française de la révolution, traduit les auteurs des Lumières, commence à composer son Thourios et d’autres chants révolutionnaires et dessine la Grande Carte de la Grèce.

A partir de 1796, il publie à Vienne les cartes d’Istanbul, de la Valachie, de la Moldavie, d’une partie de la Transylvanie et de la Grèce ainsi que ses chants patriotiques Thourios et Hymne patriotique.« Le Thourios est une voix révolutionnaire », ainsi que note Linos Politis, « mise en vers, mais une voix qui trahit un enthousiasme enflammé et une âme qui brûle réellement ». Ce n’est pas un hasard si, plus tard, le Thourios deviendra le chant des Grecs révoltés.

Parallèlement à ses activités d’édition, Rigas prépare son départ définitif de Vienne. La personnalité de Napoléon et le vent du changement qu’il apporte dans l’Europe monarchique a créé un climat de tension révolutionnaire chez tous les peuples asservis de l’Europe. Rigas s’efforce d’assurer le concours de Napoléon à ses projets de révolution. Il lui adresse une lettre, voulant lui demander son concours à la libération de sa patrie.

La dernière phase de la préparation de Rigas est liée à deux textes révolutionnaires qu’il a imprimé en 1797, en grand nombre d’exemplaires. 1) Le Επαναστατικό Μανιφέστο , un texte en quatre pages qui a été imprimé en 3.000 exemplaires et commence avec la devise « Liberté - Egalité - Fraternité » et comprend la Proclamation, un texte patriotique enflammé, la Nouvelle constitution politique des habitants de Roumeli, d’Asie Mineure, des Îles de la Mer Egée et des Principautés de Moldavie et Valachie, qui est composée des « Droits de l’homme et du citoyen », la « Constitution » et l’ « Annexe ». 2) Le Στρατιωτικόν Εγκόλπιον , un recueil de règlements militaires qui proviennent d’un manuel de guerre allemand et est accompagné d’un préambule révolutionnaire d’endoctrinement démocratique.

Ces deux imprimés révolutionnaires ont été envoyés à Trieste, à l’ami de Rigas, Antonis Koronios, pour qu’il les réceptionne et les diffuse à la patrie. Rigas lui-même adressa une lettre à son ami pour l’informer de l’envoi des imprimés mais, par malchance, son ami étant absent, la lettre est tombé entre les mains du partenaire de Koronios, Dimitrios Oikonomou, qui les dénonça à la police autrichienne.

Rigas fut arrêté dès son arrivé à Trieste, le 1er décembre 1797.  Le soir du 30 décembre, alors qu’il allait être transféré à Vienne, il a tenté de se suicider par automutilation. Il réussit à remettre son transfert à Vienne pour un bref moment et, en dépit des efforts qu’il mena pour être remis en liberté par l’intermédiaire du consul Français à Trieste, il sera finalement conduit à Vienne et livré aux Turcs le 10 mai 1798, avec ses camarades. Après quelques jours de prison et d’horribles tortures, il est exécuté le 24 juin 1798 avec ses compagnons et leurs corps sont jetés dans le Danube. Les autorités turques firent courir la rumeur que les huit prisonniers s’étaient évadés.