Korais Adamantios
 
Biographie
 

Adamantios Koraïs est né dans un riche famille de Chios où l’érudition était une tradition. Il est né à Smyrne, en 1748, fils d’Ioannis Koraïs, de Chio, et de Thomaïs Ryssiou, de Smyrne. Il reçut dans sa ville natale l’éducation générale et fit des études de médecine à Montpellier mais, finalement, il se consacra à la philologie.

 

Koraïs eut le bonheur d’avoir été doté de nature de dons intellectuels remarquables qui lui donnèrent la possibilité d’acquérir un savoir éclectique. La perspicacité et le discernement de son esprit, combinés à son dur travail, le distinguèrent comme le philologue Grec le plus important de son époque. A Paris, où il résidait, il vécut dans l’esprit du libéralisme et des idées progressistes et il fut témoin oculaire de la Révolution Française.

 

Esprit libéral, il désapprouva les idées qui, à son avis, étaient préjudiciables à sa nation, soulevant ainsi des réactions de plusieurs côtés. La réponse qu’il rédigea et publia anonymement, en 1798, sous le titre Enseignement fraternel contre le rédacteur d’un tract obséquieux intitulé Enseignement paternel qui invitait les Grecs à demeurer fidèles au sultan et à la tyrannie ottomane, est caractéristique. Koraïs accuse le rédacteur de « défendre et justifier la tyrannie des Turcs » et invite les Grecs à se montrer dignes de leurs ancêtres et à s’affranchir du joug turc.

 

En 1803, il fit imprimer à Paris le tract révolutionnaire Σάλπισμα Πολεμιστήριον (Signal Guerrier), par lequel il invitait les Grecs à s’affranchir du joug turc, surtout après les succès des Français de Napoléon en Egypte. La même année, afin de rendre l’opinion publique française plus favorable à la Grèce occupée, il adresse à la Société des observateurs de l’Homme une communication intitulée Υπόμνημα περί της παρούσης καταστάσεως της Ελλάδος (Ypomnima peri tis parousis katastaseos tis Ellados). Ce mémoire, avec d’autres textes d’hommes éminents de l’époque, contribua fortement à créer un mouvement philhellène en France. Deux ans plus tard, il publie un tract patriotique sous forme de dialogue intitulé Τι πρέπει να κάμωσιν οι Γραικοί κατά τας παρούσας περιστάσεις. ( Qu ' est ce que doivent faire les Graikoi pendant les circonstances presentes) Διάλογοι δύο Γραικών όταν ήκουσαν τας λαμπράς νίκας του αυτοκράτορος Ναπολέοντος (Dialogues de deux Graikon quand ils ont appris les celebres victoires de l ' empereur Napoleon). L’échec de Napoléon, par la suite, désenchantera Koraïs et lui crée la conviction que, pour que les Grecs puissent être libérés, il faut d temps de vigilance et d’éducation.

 

Ensuite, ses intérêts se concentrent sur l’édition des auteurs Grecs anciens car ainsi considérait-il qu’il contribuerait à éclairer ses compatriotes. Dans les années qui suivront, s’étant assuré le concours de riches Grecs vivant à l’étranger, il édite des auteurs anciens dans une collection au titre général de « Bibliothèque Hellénique ». Alexandros Vasileiou, commerçant à Vienne et ami de Koraïs, finance ses premières éditions et, ensuite, grâce à la médiation de Vassileiou lui-même, le financement du projet sera entrepris par les frères et riches commerçants Zossimades.  La collection de la « Bibliothèque Hellénique », qui sera achevée aux premières années de la Guerre de libération, inclut des œuvres d’Hippocrate, Isocrate, Plutarque, Strabon, Aristote, Platon, Xénophon, Arrien, Marc Aurèle, et d’autres.

 

Dans les longs « avant-propos » de ses éditions, intitulés «  Αυτοσχέδιοι Στοχασμοί περί της ελληνικής παιδείας και γλώσσης  » (Aftosxedioi Stochasmoi peri tis ellinikis paideias kai glossis), il expose ses points de vue sur des questions intellectuelles et autres qui furent à l’origine de débats et d’oppositions entre les érudits de l’époque.

En même temps, il encourage et soutient moralement et intellectuellement l’édition de la revue progressiste Λόγιος Ερμής (Logios Ermis) dont les éditeurs seront Anthimos Gazis (1811-1815) et Théoklitos Pharmakidis et Konstantinos Kokkinakis (1816-1821).

 

A la même époque, il est engagé dans un conflit philologique avec l’érudit et enseignant d’Epire, Néophytos Doukas, et l’érudit phanariote Panagiotis Kodrikas. La principale question de leur confrontation était la langue.

Vivant à Paris et étant influencé par le courant des Lumières de l’époque qui promouvait la culture des langues nationales, Koraïs considérait irréaliste l’instauration de la langue archaïsante ou du grec ancien comme langue écrite des Grecs modernes. De l’autre côté, la situation linguistique existante, avec les nombreux dialectes, la multitude de mots étrangers et l’illétrisme du peuple, rendaient difficilel’adoptiond’une langue grecque modernecommune. La théorie linguistique de Koraïs est condensée dans la phrase « ni tyrans des vulgaires ni esclaves de leur vulgarité […] le « macaronisme » (utilisation de termes recherchés, archaïsants et non consacrés) est tout aussi monstrueux que le « maliarisme » (utilisation d’une langue vernaculaire exagérée), c’est pourquoi il considérait nécessaire de suivre la voie moyennedans la question linguistique ; il faudrait, ainsi, établir un instrument linguistique qui combine la langue vivante du peuple, libérée d’extrémismes, mais aussi introduire du vocabulaire provenant du grec ancien, chaque fois que cela était nécessaire.

 

Lorsque la Révolution Grecque éclata, il émit des réserves quant à l’entreprise car il considérait que les Grecs devaient d’abord s’éduquer et, ensuite, poursuivre leur indépendance nationale. Cependant, il devint un partisan ardent de la lutte grecque et, depuis son poste à Paris, il contribua de façon décisive à la sensibilisation de l’Europe sur la cause grecque. Après la création du premier état grec, mal informé, il critiqua violemment Capodistria car il considérait que le Gouverneur voulait imposer au peuple une forme de tyrannie.

 

En 1831, il publie son dernier ouvrage Ιερατικός Συνέκδημος (Ieratikos Synekdimos) et, peu de temps après, son autobiographie. Il lit les journaux les plus progressistes de son temps, s’occupe de politique et guide ses disciples. En mai 1833, victime d’un accident chez lui, il mourra à l’âge de 85 ans.