Mavilis Lorentzos
 
Biographie
 

Il est né à Ithaque de parents originaires de Corfou. Il fit ses études à Corfou, à l’école connue de l’époque « Capodistria » et, dès un très jeune âge, il fut en contact avec les érudits les plus importants de l’île : Iakovos Polylas, Gerasimos Markoras, Nikos Konemenos, et d’autres. Très tôt il commence à étudier les auteurs classiques et les langues étrangères, suivant les conseils de Polylas. En 1877, il s’inscrit à la faculté de Philosophie de l’Université d’Athènes qu’il abandonnera, toutefois, un an plus tard, pour se rendre en Allemagne. Son séjour y sera exceptionnellement créatif. Il mène une vie intense, absorbe toute espèce de savoir scientifique, étudie des littératures étrangères, des langues mortes (le sanscrit), la philosophie (allemande et indienne) et la littérature moderne. Il est profondément influencé par la philosophie de Kant, Fichte et Schopenhauer.  C’est dans ce pays qu’il formera ses convictions linguistiques et son expression poétique. Il compose des poèmes et traduit de la littérature étrangère. En Allemagne, il étudia dans plusieurs universités et obtint, en fin de compte, un diplôme en philosophie.

Depuis l’époque déjà où il se trouvait à Corfou, en même temps qu’à ses études, il s’intéresse aux évènements politiques et internationaux. De retour à Corfou, en 1890, il participe à la Société Nationale, qui servait les idéaux nationaux liés à la Grande Idée. Il participa comme volontaire à la révolution de la Crète (1896) et se rendit en Epire avec un corps de partisans, à la guerre de 1897. Lors des guerres Balkaniques, il s’enrôla comme volontaire au corps des Garibaldi et fut tué au champ de bataille de Driskos Avant sa mort, il avait été élu député et plaida avec passion en faveur de la langue démotique. En cette qualité, s’adressant au Parlement au sujet de l’établissement de la langue officielle, alors que la majorité des parlementaires s’étaient déclarés en faveur de la katharévoussa et parlaient avec dédain de la « vulgaire » démotique, il prononça une phrase qui demeura légendaire : « Il n’existe pas de langue vulgaire, il existe des personnes vulgaires et il existe plusieurs personnes vulgaires parlant la katharévoussa. »

L’œuvre poétique de Mavilis est limitée en quantité mais grande en qualité. Il est devenu connu grâce à ses sonnets, dont la majorité ont été composés entre 1895 et 1900 et firent de lui le représentant le plus important de ce genre dans notre poésie. Parmi les sonnets caractéristiques de Mavilis figurent Λήθη, Καλλιπάτειρα, Μούχρωμα, Ελιά. (Lithi, Kallipateira, Mouchroma, Elia)Palamas le loua pour avoir cultivé le sonnet, considérant que Mavilis et Rigas occupent « les deux sommets de la poésie qui exprime l’amour pour la patrie ».  Ses principales caractéristiques, ainsi que note Linos Politis, sont la « langue mure, le vers finement travaillé avec obstination, la rime riche. La pensée poétique est cristalline et claire, comme ses vers. (…) Il y transmet le sens moral et la noblesse humaine et la distinction qui le caractérisaient toute sa vie durant. »

Outre l’influence de la philosophie allemande et indienne, il fut assez influencé également par les Français de l’école Parnassienne qui avaient cultivé le genre poétique du sonnet. Il laissa 55 sonnets, au total, ainsi que quelques autres poèmes, textes en prose et traductions.