Vernardakis Dimitrios
 
Biographie
 

Dimitrios Vernardakis est né à Agia Marina de Lesbos, en 1833.  C’est également là qu’il apprit ses premières lettres. Ensuite, il entre à l’école de Mytilène, où il se distinguera par son intelligence et son application aux études. Bientôt il se familiarisera avec les textes des auteurs Grecs anciens ainsi qu’avec les textes liturgiques de l’église auxquels il doit sa culture religieuse et ecclésiastique. En 1849, boursier de la Métropole de Mytilène, il se rend à Athènes et s’inscrit à la Faculté de philosophie. C’est lors de ces années universitaires qu’il commence à composer des poèmes. A l’âge de dix-huit ans, il compose le poème romantique Ψυχή, tandis que, en 1854, il compose en iambiques l’épopée comique-héroïque Πρόδρομος et la satire sociopolitique Γραομυομαχία, où les influences du Combat des rats et des grenouilles, d’Homère, sont évidentes. Un peu plus tard, suit l’épopée narrative Πλάνης, qui a trait à la période de l’occupation ottomane ; en 1855, il recevra le prix du concours de poésie Ralleio, pour le poème épico-lyrique Εικασία. Il traduit une partie de l’Histoire de l’empire romain de N. Karamsine et participe activement au débat linguistique de l’époque, défendant son professeur, K. Assopios, dans le conflit qui opposait celui-ci au poète Panagiotis Soutsos.

En 1856, boursier, il poursuit ses études en Allemagne où il est fortement influencé par la vie intellectuelle. Il lit Schiller, Goethe, Lessing, Voltaire, Racine et d’autres et est marqué par l’art théâtral de Shakespeare qui fut son maître le plus important. Il décide de s’occuper de théâtre et c’est pourquoi, en 1857, il écrit le drame romantique Μαρία Δοξαπατρή , où il intègre également les intéressants Προλεγόμενα περί εθνικού ελληνικού δράματος .  Deux ans plus tard, il écrit Κυψελίδαι. Le parcours des deux œuvres n’est pas celui que leur auteur aurait souhaité, puisqu’elles participèrent aux concours de poésie de l’époque sans obtenir quelque distinction honorifique.

Après avoir achevé ses études en Allemagne et être devenu docteur ès philosophie, Vernardakis regagne Athènes en 1861 et devient professeur d’histoire à l’Université d’Athènes. Il écrit des ouvrages historiques, philologiques et ecclésiastiques et, en même temps, écrit des pièces de théâtre et s’occupe de leur production sur scène.

En 1865, Vernardakis fonde sa propre scène et monte son œuvre Μαρία Δοξαπατρή que le public grec accueillera avec beaucoup d’enthousiasme parce qu’elle répondait au besoin de l’époque en matière de répertoire d’œuvres grecques. Ce succès l’encourage à poursuivre l’écriture et à créer une autre pièce de théâtre, Μερόπη , qui remportera également un grand succès. Il poursuit avec la publication de la pièce Ευφροσύνη (1876), à laquelle le public réserva un accueil similaire et, bien plus tard (1893), il écrira Φαύστα . Celle-ci est considérée comme le sommet de la contribution de l’auteur à nos Lettres. L’œuvre, dont l’intrigue se situe en 326 de notre ère, eut un succès jamais vu auparavant et les critiques furent dithyrambiques.

Mais, la présence théâtrale de Vernardakis ne rencontra plus le même succès, par la suite. Les œuvres qui viendront, à savoir, Αντιόπη (1896) et Νικηφόρος Φωκάς (1903), sont mal reçues par le public et les critiques, obligeant Vernardakis de se retirer définitivement, avec amertume, de l’écriture théâtrale.

Tout en écrivant ses œuvres, Varnardakis participe également au débat linguistique de l’époque. En 1882, il publie l’essai critique Ψευδαττικισμού έλεγχος (1884), une réponse - réfutation des thèses linguistiques du professeur  Κ . Kontos qui, dans son essai Γλωσσικές παρατηρήσεις , avait défendu la langue archaïsante. Avec cet ouvrage, bien qu’il écrivait lui-même en katharévoussa, Vernardakis s’opposa à l’académisme froid de l’époque et défendit la valeur de la langue démotique. Il note, de façon caractéristique : « L’assise et la fondation solide et inébranlable de notre langue devait toujours être cette langue vivante de la nation grecque existante vivant par la grâce divine, non la (langue) grecque ancienne, qui est morte et langue de morts […]». Et il propose : « Tout ce qui, à notre avis, devait être transvasé, pour ainsi dire, de la langue ancienne dans la langue actuelle de la nation était principalement, en premier lieu, son esprit, la texture du discours et la syntaxe, dans la mesure du possible et, ensuite, les mots, dont nous avons besoin car ils n’existaient pas dans la démotique ni en tant que tels ni par quelque synonyme. La forme de l(a langue)’ancienne devait demeurer profondément et pour toujours enterrée dans les entrailles de la terre. »

L’œuvre de Vernardakis, dans son ensemble, est volumineuse. Il est principalement devenu connu grâce à ses drames en vers, avec lesquels il voulut créer un théâtre grec romantique, influencé par Shakespeare, la mythologie et l’histoire grecques. Outre les pièces de théâtre, il a traduit et commenté des tragédies d’Euripide (les Phéniciennes, Hécube, Hippolyte, Médée) mais il est également considéré comme un des représentants les plus importants du drame historique en Grèce. Bien qu’ayant rencontré un important succès à leur époque, ses œuvres furent rapidement oubliées, à cause de la katharévoussa dans laquelle elles étaient écrites.

La carrière universitaire de Vernardakis fut interrompue de façon peu glorieuse le 27 août 1869 lorsqu’il fut obligé de démissionner à cause des réactions estudiantines continues (« Vernardakeia ») qu’il attribua à des intrigues de ces adversaires universitaires et du pouvoir politique de l’époque. En 1882, il retourne à l’Université pour démissionner un an plus tard et se retirer définitivement à Mytilène, vivant isolé des autres érudits jusqu’à sa mort.