Anagnostakis Manolis
 
Biographie
 

Manolis Anagnostakis est né à Thessalonique et a étudié la médecine à l’Université Aristote.  Il fit ses études de spécialisation en radiologie à Vienne (1955-1956). Il s’engagea activement dans la politique, fut arrêté, souffrit, fut emprisonné et, en 1949, il a été condamné à mort. Jusqu’à 1951, il demeura en prison attendant son exécution et, comme il est naturel, cette situation l’influença profondément et marqua sa poésie. Anagnostakis appartient aux poètes idéologues de la génération de l’après-guerre qui, après la défaite de la gauche en 1949, crurent que leur génération était perdue et qu’ils avaient été trahis non seulement par l’histoire et les hommes mais aussi par eux-mêmes.

C’est pourquoi leur poésie est caractérisée par la déception et la tristesse ; il s’agit de la « poésie de la défaite », comme elle a été qualifiée par certains critiques. Anagnostakis est un des représentants les plus éminents de cette tendance ; il a publié son premier recueil de poèmes en 1945, sous le titre Epoches. Suivirent les recueils Epoches 2 (1948) et Epoches 3 (1951). Dans ces textes, le créateur met l’accent sur son opposition au camp politique adversaire et parle d’une manière simple, quotidienne, de l’événement terrifiant de la mort. Suivit le recueil Synecheia (1952-1962), où il exprime son opposition au camp politique auquel il appartenait. La déception du poète est encore plus grande. Enfin, il publie le recueil La Cible qui inclut treize poèmes qui, en 1970, seront intégrés à l’édition collective Les dix-huit textes. Ces poèmes ont été composés au cours des premières années de la dictature et, souvent, leur langue ironique atteint le sarcasme. Avec ces œuvres, le poète se range du côté du camp opposé à la dictature.

Poète écrivant peu, Manolis Anagnostakis composa des poèmes dont la principale caractéristique est l’aphorisme. La méfiance du poète quant au rôle que peut jouer la poésie est diffuse dans toute son œuvre de même que le sentiment de désespoir personnel.  En 1971, il prit la décision de garder le silence poétique.

La poésie de Manolis Anagnostakis, qui a été honoré en 2002 avec le grand Prix de l’État pour la totalité de son œuvre, a été considérée « comme une chronique ou une confession, un bilan ou un dialogue avec l’Histoire. » Outre la poésie, le littéraire traita également de la critique et fut éditeur et directeur de la revue « Critiki », de 1959 à 1961.  Plusieurs de ses poèmes ont été traduits en anglais, français, italien et allemand.