Sotiriou Dido
 
Biographie
 

Dido Sotiriou est née à Aïdini d’Asie Mineure et, en 1914, sa famille s’est établie à Smyrne. Son père, Evangelos Papas, était originaire de Volos et sa mère, de Rhodes. A Athènes, elle étudia le français et poursuivit ses études à la Sorbonne. L’auteur a vécu les difficultés d’une famille qui perdit son statut économique et social et lutta pour se remettre sur pieds. En 1930, elle adhéra au mouvement de la gauche. Sous l’Occupation, elle participa à la Résistance et, pour plusieurs années, elle travailla comme journaliste dans des imprimés de la gauche et comme rédactrice en chef de Ριζοσπάστη (quotidien du Parti Communiste Grec). Sa sœur, Elli Papa, était la partenaire de Belogiannis.  Étant enceinte, elle n’a pas été exécutée, mais a passé une bonne partie de sa vie en exile.

Les vécus et les souvenirs traumatiques du désastre de l’Asie Mineure marquèrent l’être littéraire de Dido Sotiriou. Elle apparut dans les Lettres grecques avec le roman Οι νεκροί περιμένουν (1959), où, à travers les yeux d’une petite fille, s’impriment les souvenirs d’un monde idyllique définitivement perdu.

Mais, sa réputation d’auteur a été établie lorsqu’elle publia son œuvre Ματωμένα Χώματα (1962). Là, Sotiriou décrit dans un style passionnant les aventures des Grecs d’Asie Mineure à des époques où la haine avait séparé les deux peuples. Pour l’auteur, il n’existe pas de Grecs et de Turcs ; il existe des hommes qui souffrent les uns autant que les autres, qui dans certaines conditions perdent leur humanité, dans le contexte de la guerre. Dans le roman, un agriculteur raconte, à la première personne, ce qu’il a vécu. Le discours narratif est caractérisé par la chaleur et la simplicité. L’auteur utilise les conventions du réalisme et, plusieurs fois, le texte rappelle l’Ιστορία ενός αιχμαλώτου de Doukas, du point de vue de la technique. Il existe, néanmoins, des différences, comme l’utilisation plus marquée de l’idiome de l’Asie Mineure et l’optique politique, qui ne se retrouvait dans aucune des œuvres antérieures. Dans l’œuvre de Sotiriou, la défaite d’Asie Mineure c’est la défaite du prolétariat rural face au capital. Vue au travers de cette approche idéologique, l’hostilité ne se limite pas aux peuples mais revêt un caractère international.

Sotiriou a reçu le prix Ipekçi, en 1985, le prix spécial de littérature de l’Académie d’Athènes pour la totalité de son œuvre, en 1989, et la décoration du Brigadier du Phénix, en 1995.