Ritsos Giannis
 
Biographie
 

Giannis Ritsos est né à Monemvasia, en 1909.  Son adolescence et sa jeunesse furent des périodes très difficiles de sa vie, à cause de la mort prématurée de sa mère et de son frère qui souffraient de tuberculose. Lors de la campagne de l’Asie Mineure (1919-1922), sa famille perd la bonne situation économique qu’elle avait et Ritsos est forcé de se rendre à Athènes (1925) où il travaillera comme employé de bureau.   L’année suivante, il est atteint de tuberculose, maladie qui le fera souffrir pendant longtemps. Une fois rétabli, il travaille comme acteur et danseur dans divers théâtres et comme correcteur à la maison d’éditions Govostis.

Il adopte l’idéologie communiste et devient membre du parti communiste. Lors de l’occupation allemande (1942), il adhère à la Section Education de l’EAM (Front national de libération). Deux ans après le début de la guerre civile, Ritsos est arrêté et exilé à Limnos, Makronisos et à Aï Stratis. Après sa libération (1952), il regagne Athènes et adhère à l’ΕΔΑ (Gauche démocratique unifiée). Entre 1956 et 1966, il voyage dans les pays du bloc socialiste et, durant la dictature des colonels, il est déporté à Gyaros, Leros et Samos.

A partir de 1970, la réputation de Ritsos grandit avec la reconnaissance internationale de son œuvre qui est accompagnée de nombreux prix et de distinctions honorifiques dont la plus importante est le Prix Lénine de la Paix (1977).  Il est mort en 1990.

Le volume de l’œuvre de Ritsos est impressionnant. Les recueils poétiques ou les compositions poétiques autonomes publiées jusqu’à 1987 s’élèvent au nombre de 105 unités, tandis qu’il faudrait y ajouter au moins 11 volumes de traductions et un volume d’essais. Une grande partie de son œuvre demeure inédite.

Il fit sa première apparition en poésie en 1934, avec le recueil Τρακτέρ, qui fut accueilli avec réserve par les critiques. Le même sort sera réservé à son second recueil, Πυραμίδες, qui fut publié l’année suivante. En 1936, son long poème Επιτάφιος circulera clandestinement, en dépit de la censure imposée par le régime dictatorial de Metaxas.  Dans ce poème dominent les lamentations de la mère d’un ouvrier du tabac tué par la police lors d’une manifestation à Thessalonique, la même année. L’on retrouve également l’attachement des poètes à des questions politiques et sociales. Les éléments de la tradition religieuse sont apparents, renvoyant aux lamentations d’une autre mère, la Vierge Marie. La nature joue également un rôle important dans le poème. Le vers est le vers traditionnel à quinze syllabes. Mais, Ritsos a déjà commencé à composer ses premiers poèmes en vers libres.

Les années suivantes, Ritsos continue à écrire, tout en déployant une activité politique intense à cause de laquelle il sera exilé. Une de ses œuvres les plus connues et les plus populaires est Ρωμιοσύνη, qui fut publiée en 1954. Ici, le poète présente l’expérience traumatique de la guerre et la relie à la tradition de l’hellénisme, ainsi que firent également d’autres poètes de sa génération. Mais, cette tradition ce ne sons par l’histoire ou les textes mais la tradition populaire. Dans cette tradition il y a de la place pour les simples gens du peuple et Alexandre le Grand, le grand-père, les maquisards et les « Acrites » (gardiens des frontières de l’empire) de Byzance.  Parmi eux, Κυρά των Αμπελιών, qui représente en même temps la Vierge, la simple paysanne voire même la Patrie. La description est un élément important de sa poésie et révèle l’influence du surréalisme.

Dans les poèmes qui suivront, Ritsos demeurera un poète politique ou social, qui espère toujours qu’un monde meilleur sera créé. Les Δεκαοχτώ λιανοτράγουδα της πικρής πατρίδας sont le fruit des jours sombres de la dictature (1973).

« Ritsos », note Linos Politis, « est un poète pléthorique dans sa production et indubitablement doté d’un sentiment spontané et de vertus purement poétiques. Ses poèmes compte de nombreux vers, avec un flux continu qui jaillit spontané mais aussi incontrôlé. Son inspiration, il la puise dans l’espace magique de l’enfance et de l’adolescence, les images jaillissent riches et fraiches, son mot a du poids et de la valeur, tout en étant doté de délicatesse et de vibrant. […] Sa poésie touche la problématique de l’homme moderne, du personnel et du social. Parfois, il veut servir de manière plus directe (c'est-à-dire, pas aussi poétiquement) son idéologie sociale ; ce ne sont pas ses poèmes les plus réussis. »