Karagatsis M.
 
Biographie
 

M. Karagatsis, pseudonyme de Dimitris Rodopoulos, est né à Athènes et était issu d’une famille de la grande bourgeoisie dont plusieurs membres s’étaient occupés de politique. Il étudia le droit et les sciences politiques à l’Université d’Athènes et à Paris et travailla comme journaliste. L’auteur est le cas le plus caractéristique de littéraire combinant le cosmopolitisme avec le riche imaginaire du « conteur » créateur de fiction, et la disposition dionysiaque avec le dynamisme d’auteur pléthorique. Il fut un des auteurs les plus contestés de la génération et fut loué et critiqué comme peu d’autres le furent. Karagatsis fut très productif. Mort à l’âge de 52 ans, il légua plus de vingt ouvrages.

Il fit sa première apparition en tant qu’auteur en 1927 avec la nouvelle Η κυρία Νίτσα (Madame Nitsa), qui obtint un prix à un concours de Νέας Εστίας (Neas Estias). Son premier roman important fut Ο συνταγματάρχης Λιάπκιν (Le colonel Liapkin) (1933). Le personnage central est le colonel Russe Liapkine exilé qui, après l’affermissement de la révolution russe, trouve un emploi à l’Ecole d’Agriculture de Larisa. Il vit seul, ayant perdu son épouse et sa fille. Le héros est sérieux et posé lorsqu’il travaille, primitif et intrépide, lorsqu’il boit. Cet homme alcoolique qui est progressivement transformé en bête est un héros qui rappelle les textes naturalistes, comme Ζητιάνο (Clochard) de Karkavitsa. Sa pulsion animale imprègne la totalité du texte, fascine le lecteur mais, en fin de compte, est vaincue. 

Tant Liapkine que les héros des romans suivants sont dominés par un élément érotique qui n’a rien à voir avec les sentiments mais avec l’attraction charnelle qui, fréquemment, atteint l’obsession.  Pour plusieurs chercheurs, Karagatsis fut profondément influencé par Freud et la psychanalyse.  Mais, au fond, il ne s’intéresse pas à l’étude psychologique des personnages qui, habituellement, sont originaires d’autres pays. En outre, leurs efforts de s’intégrer à l’espace grec sont habituellement un échec, ce qui en fait des personnages tragiques, tandis que le lecteur réfléchit à la question de l’identité de la société grecque de l’Entre-deux-guerres. L’auteur saisit l’occasion d’exercer une critique sur les us et les préjugés dans son troisième roman, Γιούγκερμαν (Giougkerman) (1938), également. Ici, le héros est un Finlandais qui vient en Grèce et mène une vie analogue à celle de Liapkine. A la fin, il est vaincu, lui aussi. Le conflit entre les sexes est une caractéristique permanente des œuvres de Karagatsis et est le résultat de la pulsion érotique illimitée. L’espace dans lequel le conflit a lieu est, tantôt la ville et, tantôt, la campagne. La sexualité demeure le noyau dur de sa thématique, ponctué de quelques éléments moralistes.

Après la guerre, M. Karagatsis donna la trilogie Ο κόσμος που πεθαίνει (Le monde qui meurt) (1944-1949) qui tourne autour de la figure centrale de Michalos Rousis, « Kotzampasis » (chef de commune sous l’occupation ottomane) de Kastropyrgos.

Suivirent les romans, qui ont été beaucoup lus et aimés du public, tels que Ο μεγάλος ύπνος (Le grand someil) (1946), qui comporte plusieurs éléments autobiographiques, Άμρι α Μούγκου (Amri a Mougkou) (1954), écrit sur fond de jungle africaine, et Ο κίτρινος φάκελος (l ' enveloppe jaune)(1956), œuvre des plus remarquables qui contient toute sa Weltanschauung. Son écriture se distingue par son réalisme et atteint l’ironie et la satire caustique.