Politis Kosmas
 
Biographie
 

Kosmas Politis, pseudonyme de Paris [Paraskevas] Taveloudis, est né à Athènes mais, très tôt, sa famille s’établit à Smyrne. Elle regagna la Grèce après le désastre de l’Asie Mineure. Son œuvre apporta un renouveau notable dans la prose néohellénique et, grâce aux tendances modernistes de son discours narratif, il se distingua parmi les auteurs de la Génération de Trente. L’auteur cultiva le roman citadin qui fascinait ses lecteurs parce qu’ils découvraient des traits de la Grèce mais au moyen d’une langue ironique, particulièrement corrosive. 

Son premier roman, Το λεμονοδάσος (1930), fut remarqué pour son caractère original, où l’amour de la nature va de pair avec l’élément amoureux et le portrait psychologique de ses personnages. Le texte est imprégné d’optimisme et le principal personnage, un bourgeois bien établi, vit sa vie et veille à la satisfaction de ses sens. Dans cette œuvre, afin de lui donner un caractère vraisemblable, Politis utilise l’artifice narratif des manuscrits qui lui seraient, par hasard, parvenus. Dans son roman suivant, Εκάτη (1933), Politis décrit la solitude de l’homme dans une société caractérisée par l’insécurité et le mensonge, utilisant le présent pour donner un caractère direct à son œuvre.

Plus tard, avec Eroica (1938) qui constitue son œuvre la plus mure d’avant la guerre, Politis proposera une chronique de l’adolescence qui évolue dans une ambiance onirique et poétique. Dans ce romain, le narrateur adulte cherche à reconstituer le monde de son adolescence dans une petite ville anonyme, qui ressemble à Smyrne où Politis a vécu toute sa jeunesse, mais aussi à Patras, où il était établi à cette époque. Le jeune Paraskevas est le héros-narrateur qui décrit les émotions pures des enfants qui vivent les grands moments de leur vie, découvrant l’amour mais aussi la mort. Eroica est un hymne à l’âge idéalisé de l’adolescence. Dans l’enchantement de l’espace où l’œuvre est mise en scène, les adolescents vivent leur âge et, dans la mémoire du lecteur, ce ne sont pas les visage mais l’ambiance qui reste.

Progressivement, l’auteur qui, entretemps, s’est engagé dans la gauche politique, utilise des modes de narration plus réalistes lorsqu’il décrit ses souvenirs de son quartier à Patras, dans Το γυρί (1946). Dans son œuvre Στου Χατζηφράγκου (1963) il transforme la réalité qu’il a vu dans un quartier de Smyrne en « biographie d’une époque et d’une société, fondée sur la réalité, ornée d’épisodes imaginaires », ainsi qu’il nota lors d’une interview accordée à G. P. Savvidis. Il s’agit, bien entendu, d’une cité définitivement perdue qui revit avec ses souvenirs d’enfance, comme les cerfs-volants qui évoluaient dans son ciel. L’œuvre rappelle en plusieurs points, tant par le thème que par le lyrisme, Eroica, si l’on excepte la forme plus réaliste et le fait que les personnages sont des gens simples, quotidiens, et non les enfants d’une classe bourgeoise aisée et oiseuse. Au travers des pages du livre, des gens de plusieurs races sont présentés, vivant ensemble en paix dans la capitale d’Ionie. Rien ne présage ce qui viendra. Au centre de la réflexion de Politis, l’on ne trouve pas la race mais l’homme.

En règle générale, l’outil d’expression de Politis s’appuie sur le discours citadin oral et il rend avec assez bien de bonheur les émotions des personnages. Il faudrait particulièrement noter l’ironie qui est un trait permanent du discours dans les textes de l’auteur. Le roman Τέρμα (1975), inachevé, a été publié après la mort de son auteur. Son œuvre dans le domaine de la traduction fut très riche.