Stratis Doukas est né à Moschonisia et était refugié d’Aïvali d’Asie
Mineure. A l’époque où il étudiait le droit à la Faculté de Droit de
l’Université d’Athènes, la Première Guerre mondiale fut déclarée. Il
interrompit ses études pour s’engager dans l’armée et, ensuite, combattit lors
de la campagne d’Asie Mineure où il fut blessé. Il a particulièrement traité de
l’étude de l’art populaire et, surtout, de celui du Mont Athos. Avec
Pikionis, Karantinos, Papalukas et Chatzikyriakos-Gikas, il publia la revue avant-gardiste
« Το Τρίτο Μάτι » (Le Troisieme Oeuil). Lors de la guerre gréco-italienne, il
servit en tant qu’officier et participa à la Résistance. L’auteur s’est
également occupé de peinture et fut un des membres fondateurs de la Société des
Littéraires Grecs.
Il est devenu connu grâce à l’Ιστορία ενός αιχμαλώτου ( L
' Histoire d ' un prisonier) (1929). Il s’agit d’un texte contre la guerre,
comme Η ζωή εν Τάφω ( La vie dans la tombe) de Myrivilis et Το Νούμερο
(Le Numero) de Venezis. L’auteur n’y décrit pas d’accomplissements
héroïques, mais il s’intéresse à la fraternisation entre les peuples. Ainsi,
note-t-il de façon caractéristique au frontispice de l’ouvrage :
« Dédié aux souffrances communes des peuples. »
La simplicité du style et l’utilisation d’une langue qui rappelle
plutôt le discours oral des gens du peuple : voilà qui caractérise
l’œuvre. Dans ce récit, le héros décrit sa captivité chez les Turcs et
les efforts de survivre dans des conditions misérables, jusqu’au moment où il
arrivera à s’évader et à se sauver. Le texte comporte tous ces éléments-là qui
rendent directement accessible le vécu du narrateur. La narration à la première
personne, les adjectifs et moyens d’expression limités, les descriptions
réalistes donnent au récit le caractère du témoignage. La préface et l’épilogue
contribuent, eux aussi, à obtenir ce style direct. Doukas se présente comme
celui qui ne fait qu’enregistrer ce que le héros prisonnier, Nicolas
Kozakoglou, lui a décrit.<0} Le discours aux périodes brèves s’appuie sur
les phrases reliées par conjonctions de coordination, tandis que la langue
comporte plusieurs éléments idiomatiques et des termes turcs. Il est évident
que Doukas est influencé par le style simple et candide de Makrygiannis et des
peintres naïfs, comme Théophilos. Toutefois, ne faudrait-il pas oublier que
l’auteur lui-même, éduqué, élabora le style qui ressemble mais n’est pas
authentiquement populaire.
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