Theotokas Giorgos
 
Biographie
 

Originaire de Chio, Giorgos Theotokas est né à Istanbul où il acheva ses études secondaires et, en 1922, s’établit avec sa famille à Athènes où il étudia le droit. Ensuite, il voyagea en Europe et séjourna en France et en Angleterre où il eut l’occasion de connaître les courants intellectuels de l’époque. A Athènes, il eut une carrière de collaborateur du quotidien Το Βήμα (To Vima) et de la revue Εποχές (Epoques); il devint directeur du Théâtre National et, par la suite, président du conseil d’administration du Théâtre National de la Grèce du Nord.

Après le désastre de l’Asie Mineure, la vision de Theotokas portait sur la renaissance du monde helladique et, surtout, de la vie intellectuelle. Souhaitant devenir le vecteur de ce renouveau, il écrivit un essai étendu intitulé Ελεύθερο πνεύμα (Esprit libre) (1929), sous le pseudonyme d’Orestis Digenis ; ce texte fut considéré comme le manifeste de la Génération de Trente qui, à cette époque, commençait à émerger. Le renouveau dont il rêvait était fondé sur l’Hellénisme, l’Orthodoxie, les formes populaires de la culture, comme les chansons populaires et les traditions, Makrygiannis. Emporté par son enthousiasme de jeunesse, il n’hésita pas à exercer une critique particulièrement violente contre les critiques littéraires plus anciens. Ce texte, comme il était naturel, souleva beaucoup d’hostilité mais fit également l’objet de nombreux éloges. Ensuite, il cultiva plusieurs genres, mais il se distingua particulièrement en tant qu’essayiste. Son œuvre narrative est composée de cinq romans et d’un volume de nouvelles.

Theotokas défendit avec passion l’art du roman, car il considérait que ce genre permettrait de porter à l’avant-scène de nombreux et variés types de personnages. Ainsi, son premier roman en deux volumes, Η Αργώ (I Argo) (1936), n’a pas de personnage central mais est une « fresque d’époque. » Cette œuvre représente la mise en pratique de tout ce qu’il avait formulé, du point de vue théorique, dans Ελεύθερο πνεύμα.  Ici, l’auteur exprime les préoccupations et les conflits idéologiques des jeunes qui forment un groupe d’étudiants portant le nom symbolique du navire légendaire (« Αργώ »). L’intrigue est structurée sur l’histoire d’une famille citadine, les Notaras, qui constitue le cadre qui inclut des types sociaux caractéristiques de l’époque, de différentes classes sociales et convictions politiques, des bourgeois, des petit-bourgeois, des refugiés, es professeurs, des étudiants.  Un narrateur qui sait tout raconte le mythe, tandis que l’histoire contemporaine vient s’intégrer dans l’action du roman. Le lieu où se déroule l’action est Athènes. L’auteur se tient à égales distances des personnes, s’efforçant de se montrer sans parti pris. C’est ce que lui reprochèrent de nombreux critiques qui interprétèrent la distanciation poursuivie par Theotokas comme de l’objectivité.  L’impartialité fut, sans doute aucun, un objectif permanent de Theotokas. Au contraire, dans Δαιμόνιο (Daimonio) (1938), le protagoniste est le narrateur, exposant des opinions et des évènements qu’il a lui-même vécus.

Parmi les textes importants de Theotokas figurent Λεωνής (Leonis) (1940), un roman aux nombreux éléments autobiographiques, qui présente les préoccupations du Leonis adolescent qui a grandit à Istanbul à une époque particulièrement troublée. La guerre, évènement catalyseur dans la vie du héros, le force à réagir à travers l’art. Plusieurs chercheurs considèrent qu’il s’agit là de son œuvre la plus complète, probablement parce que l’auteur y arrive à combiner la réflexion critique et la sensibilité. Plusieurs années plus tard, il publia le roman Ασθενείς και Οδοιπόροι (Malades et passagers) (1964) qui traite de la période de la guerre et des évènements qui suivirent. Ici aussi, ce qui préoccupe l’auteur c’est la question de l’Hellénisme et de l’Orthodoxie, qui caractérise l’univers idéologique de Theotokas.

En même temps, l’auteur travailla avec beaucoup de zèle dans le domaine du théâtre et poursuivit son œuvre d’essayiste. Il composa de nombreuses pièces de théâtre, parmi lesquels se distinguent Το παιχνίδι της τρέλας και της φρονιμάδας (Le jeu de la folie et de la raison), où il voulut exploiter les légendes byzantines, Το γιοφύρι της Άρτας (Le pont d ' Arta), et d’autres Parmi ses essais les plus réputés figurent Δοκίμιο για την Αμερική (Essai pour l ' Amerique) (1954) et Ταξίδι στη Μέση Ανατολή και το Άγιον Όρος (Voyage au Moyenne Orien et au Mont Athos) (1961).