Theotokis Constantinos
 
Biographie
 
Constantinos Theotokis est né à Corfou. Il réalisa ses études primaires et secondaires dans des écoles de Corfou et, dès un très jeune âge, se montra très intéressé par les sciences naturelles. En 1887, il publia une étude sur le télégraphe électrochimique et transmis une étude sur le dirigeable à l’Académie Française des Sciences qui fut distinguée. En 1889, il se rendit à Paris pour y réaliser des études supérieures et suivit des cours à la Faculté de physique et de mathématiques de la Sorbonne, sans obtenir de diplôme. En 1890, il se retrouve à Venise, où il fera la connaissance de sa future épouse. De retour de Venise, il s’établit à Corfou et fait la connaissance de Lorentzos Mavilis avec lequel une amitié profonde le lia. Ensuite, tous deux, participèrent à la révolution crétoise et à la guerre de 1897. Grâce à Mavilis, il s’intéressera à la mythologie sanscrite.

C’est très tôt qu’il commença à s’occuper de littérature. En 1985, il publia un roman en français et, en 1899, il publia en plusieurs suites le Pathos et Pistoma dans la revue Techni de Constantin Chatzopoulos. En 1901, il publia dans Dionysos le roman Juventus Mundi et, l’année suivante, Kassopi. En 1902, il se rend à Zante, à l’occasion des cent ans depuis la naissance de Solomos et, la même année, il publia un article sur Solomos dans le journal Neue Presse de Vienne. En 1904, il publie dans Noumas sa thèse Sanskritiki kai katharévoussa. Membre de la «Compagnie des Neuf », il organisa à Corfou une conférence d’adeptes de la langue démotique avec la participation d’Alexandros Pallis.
En même temps, il traduisit des œuvres d’auteurs Grecs anciens et, du sanscrit, des Vèdes et des extraits d’épopées de la littérature indienne. Il publia également ses traductions et ses premières œuvres en prose dans les revues de l’époque (I techni 1898-1916, O Dionysos 1901-1902, O Noumas 1904-1916).

Curieux par nature, il regagne l’Europe pour des études. Ainsi, durant quatre semestres, il suivra, en qualité d’auditeur, des cours à l’université de Munich (1907-1909). Dans cette même ville, Theotokis rencontra Constantinos Chatzopoulos qui était établi. Cette rencontre, dans le climat des courants idéologiques, portera ses fruits. Les œuvres de Karl Marx étaient déjà connues de Theotokis et sa pensée avait déjà adopté sa nouvelle vocation ; De retour en Grèce, Theotokis est déjà un socialiste bien formé. Il participera à la création du Groupe socialiste (Sosialistikos omilos) et de l’ «Association ouvrière d’entraide de Corfou » (Allilovoithitikos ergatikos syndesmos Kerkyras) (1910-1914), tandis qu’il fut un fervent adepte du mouvement pour l’émancipation des femmes.

Son orientation idéologique de l’époque s’imprimera directement dans son œuvre littéraire. Cette époque sera la plus productive et la plus active de C. Theotokis. Connaissant plus de dix langues, outre le grec – cinq langues vivantes (français, anglais, allemand, italien, espagnol) et cinq langues mortes (grec ancien, latin, hébreux, perse ancien et sanscrit) – il publia à Corfou des traductions et des œuvres personnelles. Dans le domaine de la création littéraire originale, Theotokis s’occupa surtout de la prose. Il commença en écrivant des nouvelles (principalement durant la période 1898-1910) influencées par l’idéalisme allemand et la pensée de Nietzsche et des thèmes mythologique médiévaux et autres, loin de la réalité contemporaine de l’auteur. Bientôt, il changera d’orientation et, de l’étude des mœurs, du portrait psychologique et de l’écriture sensualiste, il passera au réalisme social (influencé par le socialisme) et au naturalisme. Sa nouvelle trajectoire est marquée par les œuvres I timi kai to chrima (1914), Katadikos (1919), I zoi kai o thanatos tou Karavella (1920), Oi sklavoi sta desma tous (1922). Ces œuvres, bien qu’influencées par la position idéologique nouvelle de l’auteur, n’en font pas la propagande. Elles mettent surtout en exergue la dimension sociale des problèmes de la société grecque. L’auteur situe ses personnages dans l’environnement de Corfou et critique fortement la classe bourgeoise dépravée qui ne s’intéresse qu’à sa propre prospérité, indifférente aux besoins du peuple.

Cependant, outre la prose, Theotokis s’occupa également de poésie. Il a composé trente-deux sonnets, ayant surtout trait à l’amour. Sont également remarquables ses études philologiques et les traductions particulièrement soignées d’œuvres importantes de la littérature mondiale plus ancienne et contemporaine de l’auteur. Son œuvre de traduction ne se limite pas aux traductions du sanscrit et du latin mais s’enrichit de traductions de poèmes de Shakespeare, Goethe, Flaubert, et d’autres.
Son décès prématuré, suite à une longue maladie, priva les lettres grecques d’une conscience supérieure et d’un remarquable homme des lettres.