Loundemis Ménélaos
 
Biographie
 
Ménélaos Loundemis (pseudonyme littéraire de Dimitris Valasiadis) est né à Istanbul, dans une famille riche qui a fait faillite après s’être établie en Grèce. Durant son enfance, il vécut pour une brève période dans un pensionnat public de la ville d’Edessa. Cependant, il a été rapidement obligé de travailler, exerçant diverses professions comme celles d’instituteur, de chantre et d’ouvrier sur le chantier des travaux du fleuve Gallikos. Il participa au mouvement de la résistance nationale et était membre de l’EAM (Armée de libération nationale) où il fut également secrétaire de l’organisation des intellectuels. Durant la guerre civile, il fut exilé aux îles de Makronisos et d’Aï-Stratis et, en 1958, il dut passer en jugement pour son livre Vourkomenes meres où il décrit les épreuves que les intellectuels ont dû endurer. De 1958 à 1974 il s’exila volontairement en Roumanie tandis que, durant la dictature des colonels, il avait été privé de la nationalité grecque. Il mourut d'une attaque cardiaque, en 1977, à Athènes.

Loundemis fit son apparition dans les lettres après 1930 en publiant des poèmes et des nouvelles dans la revue Nea Estia. En 1938, il publia le recueil de nouvelles Ta ploia den araxan, pour lequel il recevra le Grand Prix de Prose de l’État Grec. Il obtint également le prix du Laurier d’Or Paneurope (Paris 1951). Son œuvre recouvre la quasi-totalité des genres du discours écrit (prose, poésie, essai, théâtre, littérature pour enfants, traduction, etc.)

Ménélaos Loundemis appartient aux écrivains grecs de l’entre-deux-guerres qui se sont tournés vers le réalisme social. Il choisit sciemment un mode d’écriture «amateur », puisque, ainsi qu’il disait lui-même, ce qui l’intéressait ce n’était pas l’Art mais le fait d’enregistrer la réalité et de mettre en avant les inégalités sociales. En 1943, il note à ce propos : «Je demeurerai primitif et fauve, je ne ferai jamais de l’Art mais de la Vérité (avec un grand «A ») et de la Vie (avec des lettres encore plus capitales et ensanglantées) » Jusqu’à la fin de sa vie ses textes s’appuient sur ses expériences et ses sentiments, laissant au second plan l’intrigue et les détails techniques.

Dans la totalité de son œuvre, domine sa tendance à faire évoluer les choses entièrement autour d’un personnage central – narrateur (qui, habituellement, renvoie à l’auteur lui-même) qui fait partie des types marginaux des couches sociales opprimées et qui nous propose sa version personnelle de la solitude, de l’amour inaccompli et du malheur du monde. Comme le note V. Chatzivasileiou, «le principal drame dans ses nouvelles ou dans ses romans, c’est la privation du narrateur – protagoniste – auteur, qui ne se lasse pas de transférer sa situation d’ouvrage en ouvrage et d’accuser tout le monde de son sort. »

Son œuvre est fortement influencée par la littérature européenne du courant du réalisme socialiste (Knut Hamsun, Maxime Gorki, Panaït Istrati, etc.) : Description réaliste des paysages et des personnages aux émotions fortes qui, parfois, atteint le mélodrame, écriture à partir du vécu, éléments d’étude des mœurs et symboliques.

Dans ces deux premiers recueils de nouvelles, Ta ploia den araxan (1938) et Perimenontas to ouranio toxo (1940), domine la thématique des marges de la société, avec des éléments autobiographiques marqués, tandis que dans son œuvre Kalinichta Zoï, au sous-titre «Istoria mias psychis kai tis psychis mou », il ajoute un nouveau type social, le cosmopolite du lieu de villégiature riche. Dans ses œuvres telles que Synnefiazei (1947) et Ena paidi metraei t’astra (1956-1957), sa technique de description du portrait psychologique est remarquable : il crée des personnages complets, vivants qui composent toute une petite société. Dans les œuvres Odos Avyssou (1962) et Oi iroes koimountai anysicha (1974), il abandonne l’élément marginal et s’oriente vers une autre catégorie de laissés-pour-compte : Les combattants de la gauche poursuivis.

Ménélaos Loundemis est un des auteurs grecs à l’œuvre la plus riche. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits dans de nombreuses langues, principalement dans les pays de l’Est comme la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, etc. En outre, certains d’entre eux furent traduits en chinois et en vietnamien. En Europe occidentale, plusieurs extraits de ses œuvres ont été publiés, surtout dans des revues d’art et des journaux. Son roman Ena paidi metraei t’astra a également été traduit en allemand et certains de ses poèmes ont été mis en musique.