LITTÉRATURE DE L’APRÈS-GUÈRRE ET CONTEMPORAINE (1945 - 2000).
 

La littérature de l’après-guerre apparaît dès les premières années de l’occupation allemande et est fortement influencée par les évènements politiques et sociaux de l’époque. L’occupation allemande, la résistance, la guerre civile qui suivit, les contradictions sociales et politiques, les problèmes économiques et sociaux majeurs marquent également les Lettres. Une partie non négligeable de la littérature de l’après-guerre est fortement politisée et les auteurs sont principalement attachés à l’idéologie de la gauche. En même temps, d’autres courants émergent, tels que le néo-surréalisme et l’existentialisme, exprimant de nouvelles tendances et de nouveaux besoins de l’époque.

 

Bien que les délimitations temporelles soient entièrement superficielles et que la classification des littéraires en catégories serve plutôt des fins méthodologiques, l’on pourrait classer grosso modo les poètes de l’après-guerre en deux générations. La première comprend ceux qui publièrent leur premier recueil de poèmes après 1940 et, la seconde, ceux qui publièrent au cours de la décennie 1955-1965.  

Les œuvres des poètes ayant composé après 1965 font partie de la littérature contemporaine.

 

La poésie de l’après-guerre, dans son ensemble et en dépit des différenciations individuelles, présente un certain nombre de caractéristiques communes. En premier lieu, le volume de la production poétique a augmenté et il est difficile de distinguer des figures de proue. Il existe une voix poétique unique et une unité des thèmes, principalement à cause de la politisation marquée des poètes de l’après-guerre. Cette poésie est également caractérisée par un sérieux tragique et un climat de dépression et de pessimisme, sans pour autant que, chez certains poètes, manque la tendresse romantique.

 

En lignes générales, dans la poésie de la première génération de l’après-guerre, il est possible de distinguer les tendances suivantes : a) La poésie sociale ou de résistance, où domine la vision d’un monde plus juste des points de vue politique et social (v. Aris Alexandrou, Manolis Anagnostakis, Michalis Katsaros, Takis Sinopoulos, Thanasis Kostavaras, Tasos Leivaditis, Titos Patrikios, etc.), b) La poésie néo-surréaliste, où les poètes renouvellent et promeuvent fortement la poésie surréaliste de l’Entre-deux-guerres (Eleni Vakalo, Nanos Valaoritis, Ektor Kaknavatos, Miltos Sachtouris, etc.), c) La poésie existentielle ou métaphysique, dans laquelle les poètes traitent de questions existentielles et décrivent l’angoisse métaphysique de l’homme face à la mort (v. Nikos Karouzos, Olga Votsi, Giorgos Kotsiras).

 

Les poètes de la seconde génération de l’après-guerre apparaissent différents de ceux de la première génération.  En effet, la majorité d’entre eux n’ont pas vécu ou, à cause de leur âge, n’ont pas joué de rôle dans les évènements des années 1940. Ils apparaissent à une époque de transition au cours de laquelle la guerre froide continue à être une menace pour la paix.  Ils sont forcés de s’adapter aux nouvelles conditions et avoir plutôt recours à la recherche de leur espace intérieur pour exprimer leurs vécus traumatiques.  Ils ont un profond sentiment de désenchantement et refusent de participer au jeu socio-politique. Leurs textes, qui dans la majorité des cas ont un caractère de vécu, reviennent plutôt sur des questions existentielles comme la solitude, la marginalisation et les impasses psychologiques et moins sur des questions d’ordre politique. Influencés, principalement, par la poésie de Karyotakis, ils cultivent un discours antilyrique et sont très critiques et sceptiques.  Nous mentionnerons, à titre indicatif, Katerina Angelaki-Rouk, Andréas Angelakis, Nikos Grigoriadis, Kiki Dimoula, Manos Eleftheriou, Vasilis Karavitis, Kyriakos Charalampidis, Dinos Christianopoulos, Loukas Kousoulas.

 

Les poètes des années 1970 mais aussi ceux qui suivirent ne furent pas influencés par les poètes de l’aprèsguerre, c’est pourquoi ils suivent leur propre parcours poétique.  Ils grandissent surtout au cours de la période de la guerre froide et à une époque de croissance économique où le consumérisme commence à faire son apparition dans la société grecque.  De plus, la dictature des colonels (1967-1974), la tragédie de Chypre (1974) et toutes leurs conséquences négatives, influencent leur écriture qui se distingue pour son caractère rebelle et son opposition à toute forme d’ordre établi.  Le caractère belliqueux du style, qui s’exprime par le sarcasme, l’ironie et la langue réaliste, avait pour objectif de remettre en question toute valeur établie, c’est pourquoi les poètes de l’époque ont également été appelés «poètes de la contestation.»  Nous mentionnerons, à titre indicatif : NasosVagenas, Giannis Varveris, Michalis Ganas, Tzeni Mastoraki, Maria Laïna, Antonis Fostieris, Costas Papageorgiou.

 

Dans le domaine de la prose, les auteurs nés au cours des années 1920 et 1930 -il en existe également quelques-uns, antérieurs- et qui firent leur première apparition dans les Lettres entre 1945 - 1974 sont qualifiés d’auteurs de l’après-guerre. Ils vécurent tous les évènements de la décennie cruciale de 1940 et les années de l’après-guerre qui marquèrent leur vie. Mais, ceux qui sont nés après la fin de la guerre civile (1949) et n’ont pas de vécus des années 40 sont classés dans la prose contemporaine.

 

Les prosateurs de l’après-guerre présentent des différences significatives par rapport à ceux de la génération de 1930 mais, aussi, plusieurs éléments communs avec ceux-ci. De même que les poètes de cette période, ils sont influencés par les évènements de l’occupation et de la guerre civile ; c’est pourquoi, la prose de l’après-guerre se distingue par son caractère politique marqué. Immédiatement après l’occupation (1944-1947), plusieurs auteurs voulurent narrer les évènements historiques et, plus particulièrement, ceux de l’occupation et de la Résistance. Toutefois, les premières œuvres des auteurs de l’après-guerre n’échappent pas aux limites du simple témoignage ou de la chronique.

 

Poursuivant la tradition des prosateurs naturalistes antérieurs, la majorité des auteurs de l’après-guerre dépeignent la réalité avec une disposition critique et insistent sur le fait d’en rendre tous les détails, y compris ceux les plus hideux et crus. (v. Nikos Kasdaglis, Costas Tachtsis, Andreas Frangias, Dim. Chatzis, etc.) Ils utilisent avec succès les conventions narratives réalistes ainsi que l’autoréférence, c'est-à-dire, la tendance à narrer à la première personne, et les éléments autobiographiques. (v. Giorgos Ioannou, Christoforos Milionis, etc.).

 

D’autres sont influencés par les conflits politiques et sociaux de l’époque et expriment leurs préoccupations sociales dans leurs œuvres (Dim. Chatzis, Costas kotzias, Andréas Frangias, Stratis Tsirkas, Spyros Plaskovitis, etc.). D’autres éviteront la sombre réalité en cherchant à se réfugier dans la prose lyrique de l’espace clos.  À cette catégorie appartiennent surtout des auteurs femmes, telles que Margarita Lymberaki, Mimika Kranaki, Tatiana Gritsi-Milliex, etc.

 

La tradition du monologue intérieur, qui a été créé à Thessalonique au cours de l’entre-deux-guerres, se poursuit également après la guerre avec pour principal représentant Nikos Bakolas.  Pendant cette même période, un mouvement opposé apparaît par l’intermédiaire de la revue Διαγώνιος (1958-1983) de Thessalonique, avec pour principaux représentants Giorgos Ioannou, Nikos Kachtitsis, Tolis Kazantzis, etc., qui associe les éléments modernistes à ceux de la tradition.  En même temps, certains des écrivains de l’après-guerre ont recours à l’imaginaire pour dépeindre des mondes cauchemardesques à l’aide de modes d’expression audacieux (Takis Koufopoulos, Giorgos Chimonas, etc.)

 

Au cours des deux dernières décennies du 20ème siècle apparaissent de nouvelles recherches.  L’une des plus intéressantes est celle qui, en situant l’intrigue dans des régions où l’élément grec fut jadis important (Asie Mineure, Egypte, etc.), veut définir ce qui est grec à travers l’interaction avec les autres nationalités et les autres religions.  Il en résulte un nouveau type de roman dont les principaux représentants sont Nikos Themelis, Rea Galanaki, Maro Douka, Alexis Panselinos, etc.

 

Dans la dramaturgie de l’après-guerre, fait son apparition le «théâtre de la petite-bourgeoisie» où domine, comme personnage principal, le petit bourgeois et l’idéologie de sa classe et, comme espace symbolique de l’intrigue, la cour.  Le représentant le plus important de cette tendance est Iakovos Kampanellis, mais aussi Dimitris Kechaïdis, Pavlos Matesis, Costas Mourselas, etc.

Mais, les mutations sociopolitiques qui ont lieu avec la dictature de 1967 apportent des changements dans l’écriture du théâtre également.  A cause de la censure, les auteurs sont obligés de se tourner vers le «théâtre de l’absurde» qui est en plein essor en Europe.  Le confinement existentiel, le vide métaphysique, l’impasse social et les solutions de fuite sont les thèmes qui les préoccupent.  Vasilis Ziogas, Loula Anagnostaki,  Antonis Doriadis, Costas Mourselas, Stratis Karras sont quelques-uns des représentants de ce genre.

 

À partir des années 1980, la dramaturgie se différencie sensiblement, suivant les orientations plus générales du théâtre contemporain.  À présent, les auteurs se tournent vers le mythe grec antique et les textes classiques et créent des compositions à caractère «intertextuel» grâce auxquelles ils marient les valeurs traditionnelles du mythe théâtral aux exigences du public.  Ces compositions constituent le «post-modernisme» en Grèce dont les principaux représentants sont I. Kampanellis, A. Staïkos, V. Ziogas, et d’autres.

 

Plusieurs poètes et écrivains de la génération de l’après-guerre ont traité de la critique ou de l’essai, sans pour autant s’y adonner  en exclusivité.  Georgios Themelis fut un critique important.  En effet, avec une série d’essais il traita de littéraires plus anciens mais aussi contemporains.  Zisimos Lorentzatos cultiva surtout l’essai, mettant en avant des idées assez originales.  Le cas du pédagogue et philosophe Evangelos Papanoutsos se distingue.  Il traita de façon approfondie de l’essai linguistique et littéraire.  Des contributions importantes à la critique littéraire sont le fait des universitaires G. P. Savvidis, Apostolos Sachinis, Costas Steriopoulos, Dimitris Maronitis, Giorgos Veloudis, Michalis Meraklis, Panagiotis Moullas, Alexandros  Argyriou, Eratosthenis Kapsomenos et d’autres, des écrivains Manolis Anagnostakis, Dinos Christianopoulos, Alexandros Kotzias, Giannis Dallas, et d’autres.  Les revues de l’époque ont également contribué de façon remarquable à la critique littéraire.  A côté de la plus ancienne Nea estia, se trouvent Epoches, Epitheorisi Technis, Diagonios, Diavazo, Lexi et d’autres qui, ont présenté et présentent des points de vue remarquables et des idées originales.

 

 

A. Auteurs: trente (30)

Β. Textes: trente (30)

1. Poésie: treize (13)

2. Prose (roman, narration, nouvelle): quatorze (14)

3. Théâtre: un (1)

4. Critique: une (1)

5. Essai: un (1)

C. Langue des textes: Démotique

 

 

 

 

Les auteurs de la Période 

       
Anagnostakis ManolisKarouzos NikosPatrikios TitosTsirkas Stratis
Chakkas MariosKasdaglis NikosPlaskovitis SpirosVakalo Eleni
Charalabidis KyriakosKatsaros MihalisSachtouris MiltosValaoritis Nanos
Chatzis DimitrisKotzias AlexandrosSamarakis AntonisValtinos Thanasis
Dimoula KikiLaina MariaSinopoulos TakisVarveris Giannis
Fragkias AndreasLeivaditis TasosSotiriou Dido 
Galanaki ReaLyberaki MargaritaTachtsis Kostas 
Ioannou GiorgosMontis CostasThemelis Giorgos 
Kabanelis IakovosPapanoutsos EvaggelosThemelis Nikos 
 
 Bibliographie