« Rigas trouva son époque mure. Bien entendu, œuvra-t-il de toutes ses forces -et il ne fut pas le seul- à « éclairer et éveiller les rayas » ; mais l’évolution fulgurante des choses le rattrapa à mi-parcours. L’ « éclairage » de la Nation, projet à long terme de soulèvement de la nation qui, dans des conditions normales, exigerait que des générations entières s’y consacrent, était soudain relégué au second plan et, pour un moment, était mis de côté, pour accélérer et laisser la place à la résurrection de la Nation ! » (p. 136)
« LA « REPUBLIQUE GRECQUE » DE RIGAS demeura un rêve qui, souvent, rechauffait le cœur des descendants ». […] L’entreprise de Rigas, indubitablement supranationale, doit être strictement située et délimitée dans son époque pour être correctement comprise et expliquée. Son époque, la tradition et le climat idéologique où vécut Rigas portaient les aspirations et les conceptions d’où émergea la vision de sa « République Grecque ». Trois sources majeures irriguent le sol d’où poussa le noble fruit de la Grécité : la tradition byzantine, la gloire classique des ancêtres et les idées modernistes de la France révolutionnaire ». (p. 141)
« Le « Thourios » n’est pas une marche guerrière. Il s’agit d’une proclamation révolutionnaire, d’un son du clairon du soulèvement et d’invitation aux forces, mais, surtout, s’agit-il d’un programme de libération et d’un endoctrinement politique. Dans les faits, il ne proclame pas mais il annonce une révolution. Il vient démontrer la nécessité du soulèvement et préparer les esprits. Il a bien entendu été écrit en vers et est chanté et, de ce fait, est plus facilement diffusé de bouche à oreille, résonne au plus profond des cœurs, suggère, inspire et exalte. Il parle la langue ardente des œuvres vraies et, de temps à autre, tourne à l’exaltation lyrique de grandeur et de passion. Toutefois, fondamentalement il ne cesse pas d’être une proclamation qui déploie un programme, un travail d’édification politique et d’endoctrinement révolutionnaire. Extension normale du reste de l’œuvre de Rigas et point culminant de son entreprise de soulèvement de la nation. Après quoi, il ne reste plus qu’à organiser les forces et le soulèvement armé… » (p. 72)