« L’activité de Rigas dans le domaine de l’édition avait des objectifs politiques évidents. Il visait à semer la graine d’une entreprise révolutionnaire qui renverserait le despotisme ottoman et obtiendrait la libération des Grecs et des autres peuples des Balkans. Ces projets éditoriaux des années 1796 - 1797 consistaient en le stade final d’un programme d’édification qui visait à la préparation morale et psychologique de cette entreprise suprême. Rigas n’aspirait pas uniquement à cultiver la morale du patriotisme grec par l’intermédiaire du classicisme politique, qui trouvait un écho auprès des couches modernisées de la société grecque et, particulièrement, dans les cercles de l’intellect éclairé, auprès des jeunes éduqués et des éléments politiquement actifs de la diaspora ; il tenta d’aller au-delà de ces groupes sociaux qui étaient les alliés naturels de son entreprise, en transmettant le message du salut national aux masses de la société grecque, dans une langue qui leur était familière et à l’aide de symboles qu’elles pouvaient comprendre. Le portrait d’Alexandre était un moyen opportun pour approcher la psychologie sociale d’un auditoire plus large ». (pp. 54-55)
« Les projets et les visions de Rigas constituent l’expression la plus loquace de la fermentation que la Révolution française initia dans la pensée politique grecque et, plus généralement, dans la société balkanique. Le grand accomplissement consiste en ce qu’il est arrivé à concevoir un sentiment social général d’élan et d’espoir et qu’il l’exprima en les termes intellectuels et politiques précis qui étaient le mieux à même de le formuler : voilà la langue du patriotisme démocratique grec. En théorie, son accomplissement était significatif, car il combina l’aspiration à un changement social radical ainsi qu’au réaménagement moral profond de la personnalité. (p. 97)
« Le Thourios traduit les principes et les objectifs de la théorie politique de Rigas en une langue qui pouvait toucher la sensibilité des masses populaires. Sur ce point également Rigas suivit la pensée politique orientée vers la pratique qui avait guidé ses projet dès l’époque de la conception initiale. » (p. 99)