Fragkiskos Emmanouil, «Prologos», Adamantiou Korai prolegomena stous archaious Ellines syngrafeis
 
tom. 2os, Athina 1988, MIET
 
 
 

« L’avant-propos des quatre premiers chants de l’Iliade mettra en avant un prêtre, « Papatrechas », curé à Volisso de Chio, incarnant le changement des consciences au niveau individuel, l’éveil et l’action menée pour éclairer et activer la société.  La présence de ce héros imaginaire déterminera également le type des avant-propos. Il s’agit d’un texte narratif qui oscille entre les limites de la prose, les conventions du prologue philologique épistolaire et la technique du dialogue - formes d’expression familières tant à Koraïs qu’à son époque - et où les trois personnes-axes de la narration (l’éditeur de l’Iliade, Papatrechas et Z. L., le premier résident de passage à Volisso, le troisième à Paris, correspondant de l’éditeur de Vollisso et responsable, en général, de l’édition) sont à ce point entremêlés que, parfois, elles ne sont plus reconnaissables conduisant ainsi à lever la distinction entre créateur et créature, auteur et vecteur de la narration. Papatrechas, par exemple, émerge en fin de compte en tant que porte-parole fidèle et substitut parfait de l’auteur Koraïs ; […] le fait que Koraïs proposa l’exemple du représentant du clergé d’âge moyen et, qui plus est, du clergé inférieur, pour révéler l’action transformatrice de l’éducation et faire passer , à travers cela, les messages des Lumières, ne constituait qu’un choix conscient d’importance stratégique. Le combat en vue de l’acceptation de la nécessité et, au-delà, en vue de la diffusion d’un idéal éducatif modernisé qui combinerait les valeurs ancestrales et les revendications du temps nouveau, devait avant toute chose fléchir les résistances de ces puissances-là de la tradition qui monopolisaient la manipulation intellectuelle des Grecs et qui, habituellement, étaient méfiantes, sinon pas hostiles, à toute nouveauté. Dans le cas de Papatrechas, Koraïs promut les objectifs souhaités aux extrêmes : Bien que représentant d’un ordre des choses et des institutions dominant depuis des siècles, à savoir, de l’église, en réalisant son parcours personnel vers la connaissance de soi et en redéfinissant le rôle de sa fonction, le héros se trouvera à la première ligne du mouvement des Lumières dans l’espace restreint de son pouvoir spirituel.